L'hôtel La Louisiane
est exactement
au centre
de Saint-Germain-des-Prés
Situé idéalement à quelques minutes à pied du musée du Louvre, du musée d'Orsay, du musée de la Monnaie, du musée Delacroix, du grand et beau Jardin du Luxembourg, et du Quartier Latin avec ses lieux de sorties étudiantes ou canailles, l'hôtel La Louisiane est exactement au centre de Saint-Germain-des-Prés, au croisement des rues de Seine et de Buci.
Un quartier qui vit jour et nuit
Aux alentours se concentrent les terrasses des cafés, les bonnes tables de restaurants et les pistes de danse, jazz, rock, techno ou disco de clubs chaleureux, dans les fameuses « caves » aux voûtes de pierres millénaires de Saint-Germain-des-Prés Les galeries d'art, les antiquaires et les boutiques design restent ouvertes tard le soir, sans oublier de nombreux théâtres et cinémas, comme l'UGC Danton, l'UGC Odéon et le MK2 Odéon. Pour les hôtes de l'hôtel La Louisiane, un marché aux fruits et légumes, un supermarché ouvert jusqu'à 21h et jusqu'à 13h le dimanche, plusieurs cavistes de bon conseil et l'épicerie fine Da Rosa, ouverte tous les jours jusque tard, sont des voisins pratiques.
L'Hôtel La Louisiane, une histoire de Saint-Germain-des-Prés
La Louisiane, hôtel familial
Sur le dédale de ses couloirs, qualifiés de 'psychédéliques' par Quentin Tarantino, le temps semble glisser sur l'hôtel La Louisiane comme sur le plus vieux clocher de Paris, qui veille depuis le toit de la basilique Saint-Germain-des-prés. Hors des circuits traditionnels, garant d'une ambiance familiale, l'hôtel La Louisiane est heureux d'être toujours un havre pour ceux qui créent ou sont en quête, écrivains ou musiciens, artistes ou chercheurs, décideurs internationaux ou entrepreneurs, journalistes ou touristes, voyageurs de tout pays ou de Paris.
Fondation de l'hôtel en 1823, hommage à l'Amérique
En 1815, un colonel des cuirassiers de l'Empereur Napoléon Ier refuse le retour des rois Bourbons. Après ses dernières charges à Waterloo, il refait sa fortune à la Nouvelle-Orléans. Il revient en France en 1823 après la mort de l'Empereur, survenue alors que ces français de Louisiane voulaient le libérer à l'abordage de l'île de Sainte-Hélène. Emu par ses anciens frères d'arme, héros de cent campagnes et mille champs de bataille mais souvent sans toit, il fonde l'hôtel, La Louisiane, en l'honneur de cette terre d'Amérique de la contrée découverte en avril 1682 et baptisée en l'honneur du roi Louis XIV par Robert Cavelier de La Salle, que l'Empereur avait cédé aux jeunes Etats-Unis en 1803.
L'hôtel La Louisiane, QG des artistes et des musiciens
A l'instar du Chelsea hotel, l'hôtel La Louisiane - toujours l'hôtel familial au coeur de Saint-Germain-des-Prés, a sa mémoire, gardée par une même famille depuis quatre générations. A l'heure de la Libération et du retour des américains à Paris, il est le lieu de ralliement des musiciens de jazz. Egérie de Saint-Germain-des-Prés. La chanteuse Juliette Gréco partage sa chambre avec Anabelle Buffet et Anne-Marie Casalis, Mouloudji y rencontre Boris Vian. S'y retrouvaient pour des 'boeufs' les grands jazzmen américains, Miles Davis, John Coltrane, Bud Powell, Lester Young, Chet Baker, Mal Waldron, Archi Sheep, Charlie Parker, Dexter Gordon, Ben Sidran, Wayne Shorte ; puis vinrent leurs héritiers rock, et parmi eux, Jim Morrison et les musiciens de The Doors, Ray Manzarek, John Densmore, Robby Krieger ; puis les Pink Floyd, Roger Waters, David Gilmour, Rick Wright, Nick Mason...
La Louisiane, hôtel littéraire
Serviteur respectueux des belles lettres comme tout Saint-Germain-des-Prés, l'hôtel La Louisiane est un 'hôtel littéraire', label confirmé par Nathalie De Saint Phalle. Les écrivains y ont toujours trouvé l'inspiration. Albert Cossery, moderne Esope, y vit toujours depuis la Libération. Peut-être songe-t-il parfois à ses célèbres colocataires passés, Ernest Hemingway, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Miller, Cyril Connolly, Gérard Oberlé, Peter Berling, Harvey Goldberg, Abertine Sarrazin et surtout le couple fondateur de l'Existentialisme, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Jean-Paul Sartre était aussi un homme de théâtre, comme d'autres tragédiens talentueux venus chercher ici l'inspiration, Robert Wilson, Olivier Py, Robert Le Page... A partir des années 50 vinrent les passionnés du cinéma, les réalisateurs Louis Malle, Bertrand Tavernier - qui fit de l'hôtel La Louisiane le décors d'Autour de Minuit, Alain Tanner, Leo Carax, Benoit Jacquot, Pépé Danquart, Barbet Schroeder pour le tournage de More, Quentin Tarantino, Michael Shamberg, Sally Potter, les acteurs et actrices Mimsy Farmer, Klaus Grunberg, Klaus Kinski, Heinz Egelman, Jane Campion...
La Louisiane aime l'art contemporain
Saint-Germain-des-Prés n'a pas inspiré que des écrivains ou des musiciens, la créativité effervescente y attire de nombreux artistes, peintres, sculpteurs ou plasticiens, performers ou designers. C'est ainsi que l'hôtel La Louisiane fut aussi un lieu de rencontre pour les artistes contemporains, Salvador Dali avec Amanda Lear, Bernard Buffet, Alberto Giacometti, Vassilakis Takis, Keith Haring, Dennis Oppenheim, Nam Jun Paik, Joseph Beuys, Lucian Freud, Benjamin Vautier, Cy Twombly, Eva & Adele, James Lee Byars... L'hôtel La Louisiane soutient depuis toujours les artistes et a ainsi invité de nombreux créateurs d'art contemporain, à exposer leurs oeuvres dans ses murs : Wang Du, G-Wen, Régine Kolle, Barthélémy Togo, Lionel Scoccimaro, Pascale Marthine Tayou, Chen Chieh-Jen, Julien Beneyton, Pascal Gilberti, Emmanuelle Villard, Franck et Olivier Turpin, Nicole Tran Ba Vang, Guillaume Paris, François Paire, Aimé Ntakayica, Liu Ming, Philippe Mayaux, Cécile Mathieu, Eric Le Maire, Patrick Lebret, Suzanne Junker, Yann Delacour, Gaston Damag, Jean-Luc Bichau, Pascal Bernier...
Un hôtel pour les éditeurs et les cyber-entrepreneurs
L'hôtel La Louisiane est aussi devenu un lieu de rencontre des entrepreneurs de l'Internet - les entreprenautes - et du web, surtout ceux des métiers liés aux contenus en ligne, culturels, artistiques ou littéraires. C'est dans la plus pure tradition d'un quartier où sont installés des éditeurs renommés, Gallimard et Les Temps Modernes, Flammarion, Hachette, Larousse et Bordas, La Martinière et Le Seuil, Mille et une nuits, Fayard, Hatier, Payot et Rivages, Stock, Taschen, La Table Ronde, Le Masque, Robert Laffont, Magnard, Plon, Balland, Actes Sud, Armand Colin, Les Belles Lettres, Calmann Levy, Le Cherche Midi, Editions de Minuit, Denoël, Jean-Claude Lattès et beaucoup d'autres.
Saint-Germain-des-Prés, éternelle et révolutionnaire
Saint-Germain-des-Prés, la plus ancienne église
L'hôtel La Louisiane est construit sur l'ancienne enceinte de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. L'église de Saint-Germain-des-Prés a été édifiée en 557 par Germain, évêque de Paris canonisé et fêté le 28 mai, dont elle est le tombeau. Les premiers rois de France, de la dynastie des Mérovingiens, celle du grand roi franc Clovis, y sont enterrés. Sous les tours fortifiées, ancêtres de l'hôtel, coule une rivière, vers le fleuve, dont la rue de Seine tire son nom ; les vertus oniriques de cette eau, aujourd'hui souterraine, expliqueraient le sommeil heureux de nos hôtes ! Venu le temps de l'urbanisme et du baron Haussmann, Victor Hugo sauvera l'église, la plus ancienne de Paris, réhabilitée par Baltard. Un dessin de Picasso y rend hommage au poète Guillaume Apollinaire.
Saint-Germain-des-Prés est toujours le centre du monde
Dès le Moyen-âge, tous affluent vers Saint-Germain-des-Prés, car l'abbaye garde alors un morceau de la Vraie Croix et la tunique de Saint Vincent. Au XVIIè siècle, grâce à son monastère et l'ordre des studieux moines bénédictins, Saint-Germain-des-Prés est le plus grand centre intellectuel d'Europe. La Révolution ruinera l'abbaye, mais le quartier est désormais le centre de l'effervescence philosophique. C'est aux terrasses de ses cafés, comme le Procope, que Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu, d'Alembert initieront le siècle des Lumières. Depuis le club des cordeliers, Robespierre, Danton et Camille Desmoulins - un habitant de l'hôtel La Louisiane -, enflammeront l'esprit révolutionnaire, comme en témoigne place Furstenberg, face à l'hôtel La Louisiane, le Musée Delacroix.
Deux palais pour la rue de Seine
En 1661, le cardinal Mazarin demanda à Louis Le Vau, l'architecte de Versailles, de construire au début de la rue de Seine, dans l'axe de la Cour Carrée du Louvre, au 23 quai de Conti, l'Institut de France. L'Institut réunit l'Académie Française, l'Académie des Sciences, l'Académie des Beaux-Arts, celles des Inscriptions et Belles-Lettres et des Sciences Morales et Politiques. L'hôtel La Louisiane est au milieu de la ligne tracée entre sa fameuse coupole et celle, à l'autre extrémité de la rue, du Palais du Luxembourg construit par la reine Marie de Médicis en 1620. Napoléon Ier fait du palais du Luxembourg le siège du Sénat, les sénateurs y résident depuis le Ier Empire.
Le Jardin du Luxembourg, le plus grand jardin de Paris
Le Sénat a créé le Musée du Luxembourg, au 19 rue de Vaugirard, dans l'ancienne Orangerie, dont les expositions de peintures sont souvent d'un exceptionnelle qualité. Mais surtout, le palais du Sénat garde le Jardin du Luxembourg, le plus grand jardin public de Paris, équipé de tennis et d'activités pour les enfants, parcs, théâtre de Guignol, courses de karts et trajets à dos de poney, manèges et balançoires, location de voiliers à naviguer sur le bassin, dégustation de barbapapa, etc. Avec ses allées Grand siècle bordées de marronniers, ses statues contemplatives et ses fontaines apaisantes, ses pelouses pour s'allonger et ses bancs de bois, ses maisons de thé sous les feuillages, le Jardin du Luxembourg est le rendez-vous le plus romantique de Paris.
L'église Saint-Sulpice, haut lieu du... Da Vinci code !
Proche de l'hôtel La Louisiane, l'église Saint-Sulpice fut la paroisse du marquis de Sade, de Baudelaire et de Victor Hugo. Construite en 1780, elle serait un haut lieu du 'Prieuré de Sion', cette société secrète dont Léonard de Vinci aurait fait partie et qui serait dépositaire du secret du mariage de Jésus avec Marie-Madeleine. L'église Saint-Sulpice conserve deux « curiosités » mondialement célèbres, son obélisque de pierre et son gnomon. Le gnomon est un cadran solaire annuel sur lequel un rayon de soleil joue le long d'un rail de cuivre gravée dans le sol. Cet étrange artefact témoignerait de l'existence sous l'église d'un temple païen consacré à la déesse égyptienne Isis... du moins pour ceux qui en croient le roman de Dan Brown, Da Vinci code !
Pour visiter le Louvre, un pont des arts est réservé aux piétons
En 1801, le futur empereur Napoléon Bonaparte décide la construction du Pont des Arts. Baptisé en l'honneur du Louvre, ce pont relie la Cour Carrée du musée à l'Institut. Cette passerelle des arts entre la rive droite et la rive gauche de la Seine, où sont installés les Bouquinistes, fait le bonheur des promeneurs, des amateurs de livres et de gravures, c'est l'endroit parfait pour un pique-nique où une dégustation de vin au bord de l'eau. Grâce à la Passerelle des Arts, juste au début de la rue de Seine, l'hôtel La Louisiane est à quelques minutes à pied de la rive droite, du musée et de la Pyramide du Louvre. La vue panoramique de Paris offerte depuis le milieu de la passerelle est l'une des plus belles, de nuit comme de jour.
Saint-Germain-des-Prés accueille les Beaux-Arts et les vernissages
En 1816, un nouveau voisin s'installe près de l'hôtel La Louisiane, l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, 14 rue Bonaparte, avec ses expositions temporaires et son musée des moulages de la Renaissance. Depuis, les turbulents étudiants des Beaux-Arts et leur fanfare ne cessent d'animer les soirées et les terrasses des cafés de Saint-Germain-des-Prés. L'art et la convivialité vont toujours de paire dans le quartier, presque tous les soirs, l'une des nombreuses galeries rue de Seine, rue Mazarine, rue Dauphine, rue Jacob, ou rue des Beaux-Arts accueille les amateurs et les experts pour un vernissage festif.
Avec l'Existentialisme, il n'y a plus d'après à Saint-Germain-des-Prés
L'Amérique permet à Saint-Germain-des-Prés d'être à la Libération le haut lieu des intellectuels et des philosophes, qu'elle influence avec ses films, ses romans noirs, et son esprit festif dont le jazz est le langage. Les existentialistes y repoussent les marxistes sur le terrain... des idées. Menés par Boris Vian, Albert Camus, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, accompagnés de Juliette Gréco, leurs repères sont le café de Flore, le café des Deux Magots, la brasserie Lipp... et l'hôtel La Louisiane où ils refont le monde toutes les nuits, qu'ils ne quittent que pour les 'caves' où jouent les orchestres de jazz endiablés de la Nouvelle Orléans. Parfaitement situé, ouvert aux artistes, l'hôtel La Louisiane est ainsi devenu naturellement une halte internationale pour les érudits et les amateurs d'art... et pour ceux qui viennent fêter le quartier et y faire la fête !
*****
Lu dans
Libération : " Entre les deux guerre, dans sa chambre d'hôtel
de la Louisiane, Cyril Connoly élève des furets pour lesquels
il se fournit en foie sanguinolent à la boucherie chevaline, des furets
qui courent après les oranges, les oeufs et les balles de ping-pong,
et portent des harnais ornés de clochettes. " Et pourquoi pas ?"
dirait Desnos.
Après un hôtel entre l'avenue du Maine et le cimetière du Montparnasse,
un hôtel de la rue Vavin, l'hôtel Mistral, et un taudis rue Dauphine,
Simone de Beauvoir se fit recommander par les habitués du Flore
à l'hôtel La Louisiane, rue de Seine, et y emménage en octobre 1943
... " Jamais aucun de mes abris ne s'était tant approché de mes rêves
; j'envisageais d'y rester jusqu'à la fin de mes jours.
Sartre occupait, à l'autre bout du couloir, une chambre exiguë
dont le dénuement surpris plus d'une fois ses visiteurs : il ne possédait
même pas de livres ... Au printemps 44, au temps du débarquement des Alliés
en Normandie, certains clients de l'hôtel montaient " se dorer sur la
terrasse "... "Je ne supportais pas ,écris Beauvoir, ces bains de chaleur
contre la dureté du ciment mais, le soir, j'aimais m'asseoir là-haut,
au-dessus des toits, pour lire et pour causer."
En 1945, un écrivain égyptien arrive à Paris, au pays de la langue qu'il
sait lire et écrire : Albert Cossery, qui n'a d'autre envie que
de posséder de jeunes et jolies filles. Il s'installe dans un meublé
de Montparnasse, mais les allers et retours de Saint-Germain à sa chambre
avec des demoiselles séduites s'avèrent fastidieux et répétitifs. Il
s'installe à la Louisiane en 1951. Il y écrit lorsqu'il s'ennuie vraiment,
lorsqu'il n'y a réellement rien de mieux à faire ... Le plaisir de vivre
passe avant celui d'écrire, qui n'en est pas un. Il ne possède rien
et paresse... "La paresse se mérite... Les autres, s'ils aiment le travail,
eh bien qu'ils continuent ", dit-il cyniquement philosophe... "Pas
la paresse dans le sens de ne rien faire, mais de réfléchir, et de lire
... La chose la plus extraordinaire au monde, c'est la lecture... "
En ce sens, Cossery, difficile, élégant, méfiant à raison, vit
à la Louisiane depuis quarante ans. Il n'a changé qu'une seule fois
de chambre et celle qu'il occupe aujourd'hui reste dépouillée à l'extrême.
Il n'a gardé que quelques livres (les meilleurs et les siens) et des
vêtements (des placards et des valises remplies), mais pas d'objets
(pas même la petite femme sculptée que lui avait offert Giacometti).
Cairote marginal devenu parisien marginal. Les personnages de ses romans,
Les hommes oubliés de Dieu, Les Mendiants et orgueilleux,
les Fainéants de la vallée fertile, sont des anti-héros, l'inverse
absolu de tout l'arrivisme du monde. Ils ont pour eux le temps, tout
le temps de l'éternité des instants qui se succèdent. Ils ne sont pas
pressés. Dénués d'ambitions, leur vie est simple, lucide. Laissés pour
compte ? Oubliés de Dieu ? La réponse est dans la noblesse de la détresse,
le refuge dans les drogues et la paresse, à l'orientale, quand on sait
que la misère est éternelle et inutile de la combattre. L'échappatoire
est dans la reconnaissance, cette acceptation de l'irrémédiable qui
éveille chez celui qui lit, qui découvre, la paresse comme meilleure
défense. La vie d'hôtel est idéale, pour qui veut rester libre et qui
ne veut rien faire. Cossery dort tard, se promène, s'arrète au
Flore, revient avec une jeune fille, lui offre les livres ou les vêtements
en trop. L'élégance a beaucoup d'importance. " La morale est esthétique
", dit-il. Il a choisi la Louisiane parce que des modèles et des
actrices y vivaient alors. La vie en commun, tentée pendant deux ans,
est un cauchemar en soi qu'il ne réitérera pas. Il restera libre et
léger, sans bagages, avec pour seul bien précieux le manuscrit en cours.
S'il disparaissait, il n'écrirait plus. " Pourquoi toutes ces questions
? -Parce que j'écris un livre sur les hôtels et la littérature... -Je
suis le seul à vivre à l'hôtel ! Vous ne pouvez quand même pas en faire
le sujet d'un livre, ce n'est pas suffisant ! Même Matzneff qui vit
en face a quand même un pied-à-terre ailleurs et n'utilise l'hôtel que
pour son plaisir... Oui, je suis peut-être le seul écrivain vivant à l'hôtel
! Qui d'autre ?! "
*****
A partir
de 1941, c'est avant tout au Flore qu'ils [Simone de Beauvoir
et Jean-Paul Sartre] prennent tous deux leurs habitudes, et
Simone de Beauvoir la première, dès le début janvier, à cause
des deux tables contre le poêle. " Jamais les Allemands n'y mettaient
les pieds ", écrit-elle dans La Force de l'âge.Au cours d'un
entretien avec Deirdre Bair, sa biographe, elle corrige cette affirmation
: " J'allais au Dôme, à la Rotonde et puis, c'est exact au Flore.
" Quel mal y avait-il à vouloir être au chaud pour travailler ?
[...] A l'automne 1943 elle obtient une chambre à l'hôtel de la Louisiane,
60 rue de Seine, sur la recommandation des habitués du Flore, dont beaucoup
demeurent là. Sartre en prends une, lui aussi, au même étage.
Cette fois les voici installés à Saint-Germain-des-Prés. Presque tous
les membres de la " famille " les ont suivis dans leur hôtel. S'y sont
joints Mouloudji et sa compagne Lola. Le premier étage
du Flore prend alors les apparences d'une salle de classe fort studieuse.
Tout le monde écrit, chacun sa petite table : Simone de Beauvoir,
Tous les hommes sont mortels ; Sartre, Les Chemins
de la liberté ; Jacques-Laurent Bost, Le Dernier des métiers
; Mouloudji, Enrico ; et Scipion, auquel on doit
ce témoignage, Prête-moi ta plume, son recueil de pastiches.
Lorsque l'issue favorable de la guerre paraît crédible, Simone de
Beauvoir et Sartre participent aux soirées festives que les
exigences du couvre-feu font durer jusqu'au petit matin. Michel Leiris
les a baptisées " fiestas ". L'expression espagnole met l'accent sur
une volonté délibérée de faire la fête, malgré tout. La première a justement
lieu dans l'appartement de Michel Leiris, Face à la Seine, 53
bis quai des Grands-Augustins : " Le plus beau paysage de Paris encadré
par les chefs d'oeuvre de la peinture moderne, la trouée la plus royale
du fleuve cernée par d'admirables Picasso et de sublimes Juan Gris.
" Picasso se trouve là en personne. Il est même au centre
de la fête, puisqu'on procède à la lecture publique de sa pièce Le
Désir attrapé par la queue. Il s'agit d'une grande farce, à la manière
des Mamelles de Tirésias d'Apollinaire. Metteur en scène :Albert
Camus ! Parmi les acteurs : Simone de Beauvoir, Dora Maar, Sartre,
Leiris, Queneau ! Dans l'assistance : Bataille, Lacan, Reverdy,
Limbour, Barrault, Salacrou, Sylvia Bataille, Valentine Hugo ! Un
ami n'est présent que par sa photo, bien mise en évidence. C'est
Max Jacob. Nous somme le 19 mars 1944. Il y a juste deux semaines
qu'il est mort à Drancy.
" Saint-Germain-des-prés n'existe plus - si jamais Saint-Germain-des-Prés
a existé "
" J'ai débarqué à Saint-Germain-des-Prés, un jour, parce que j'avais
une grande envie de connaître Sartre et Simone de Beauvoir. " Isolée,
sans nom d'auteur, cette phrase prête à confusion. On la croirait le
fait d'une victime du snobisme ayant parasité le nouveau quartier à
la mode. Or elle est extraite des Mémoires d'Anne-Marie Cazalis,
celle que Simone de Beauvoir, dans La Force des choses,
accuse d'être à l'origine de la collusion entre le style de vie adopté
par la jeunesse de Saint-Germain-des-Prés et l'intérêt, enthousiaste
aussi bien que haineux, suscité par l'existentialisme. Poétesse, lauréate
du Prix Paul-Valéry, Anne-Marie Cazalis participe de près, avec
Juliette Gréco, à la création de l'une des " caves " restées
les plus célèbres de Saint-Germain-des-Prés : le Tabou, rue Dauphine.
Pour en assurer la publicité, toutes deux se déclarent " existentialistes
" dans un article publié par Samedi-Soir et supervisé par la
première. Le retentissement dépasse les prévisions mais se retourne
contre Sartre et Simone de Beauvoir, vite accusés de pervertir
la jeunesse. La presse populaire s'en donne à coeur joie, et elle n'est
pas la seule. S'apprétant à prendre la direction de France-Soir,
Pierre Lazareff déclare : " J'aurais la peau de l'existentialisme
!" Un sacré programme. Les ragots les plus vils circulent à leur
sujet et la fréquentation des lieux publics leur devient bientôt pénible.
Simone de Beauvoir a donc raison de regretter que les jeunes
" existentialistes " jettent le discrédit sur Sartre et sur elle.
Mais, s'il y a manipulation, on ne peut parler d'imposture. Lorsque
Anne-Marie Cazalis " débarque " à Saint-Germain-des-Prés, c'est
après avoir lu L'invitée. Elle en a été si marquée qu'elle s'installe
à l'hôtel de la Louisiane, partageant " quelque temps avec Gréco
la chambre qu'avait loué Sartre sous l'Occupation. C'était une
chambre ronde qui faisait l'angle de la rue de Seine et de la rue de
Buci. Il y avait, tout à coté, un apprentis où Sartre rangeait
sa bicyclette, mais qui avait été transformé en salle de bains. Aux
fenêtres étaient accrochés de grands rideaux de peluche rouge . C'était
un décor de théâtre ".[...]
Si courte qu'ait été son existence, le véritable Saint-Germain-des-Prés
est resté dans les mémoires comme un lieu de grande tolérance, où les
divers courants artistiques, intellectuels et politiques se côtoyaient,
se frottaient les uns aux autres, tandis que la jeunesse guettait le
résultat du coin de l'oeil dans l'attente d'un monde nouveau. Le journal
Combat, dont l'équipe de journalistes, Camus en tête,
se retrouvait souvent dans le sous-sol du Méphisto, ne portait-il pas
comme sous-titre " De la Résistance à la Révolution " ?
*****
Autres
temps, autres moeurs. Après le Mistral, c'est au Louisiane que Sartre
se réfugie de 1943 à 1946 pour écrire au chaud. On raconte qu'il aime
le bruit de la rue et se fait livrer le journal directement par la fenêtre
de sa chambre située au premier étage. En plein Saint-Germain-des-Prés,
au carrefour Buci, l'hôtel, fondé en 1886, par un colonel de Napoléon
passe relativement inaperçu. Mais les admirateurs de l'écrivain ou les
passionnés de jazz en connaissent les coordonnées. Après le séjour de
Sartre et de Beauvoir, ce sera, dès la fin de la guerre,
le rende-vous des jazzmen américains, autour de Miles Davis.
Une époque qui inspirera Bertrand Tavernier pour le film Autour
de minuit tourné sur place. Fréquenté aujourd'hui par nombre d'acteurs
et réalisateurs, dont Quentin Tarentino, ou d'écrivains, qui
en apprécient l'ambiance désuète et la discrétion, il n'héberge plus
à l'année qu'un seul client célèbre. C'est l'Egyptien Albert Cossery,
auteur de Mendiants et orgueilleux, qui y séjourne depuis 1951.
Un rendez-vous d'artistes. Au carrefour Buci, l'établissement est au
coeur de l'agitation germano-pratine. Juliette Gréco, Annabel Buffet
et Miles Davis en font leur quartier général et, dans la chambre
10, Sartre écrit " La Nausée ".
Extait de l'article du magazine VSD, écrit par Isabelle
Spaak, Ces hôtels cultes du Paris bohéme, semaine
du 6 au 12mars 2003.